J’ai lu Paranoïa et son petit frère Miroir, de Melissa Bellevigne, aux éditions Hachette.
Ce n’est pas vraiment une saga, ce n’est pas vraiment un diptyque, ni deux livres bien autonomes. Publiés à un an d’intervalle, Miroir fait suite à Paranoïa, qui aurait pu se suffire, avec sa fin énigmatique mais efficace. Pour autant, après avoir lu les deux, je ne pense pas qu’il aurait été possible de faire sans le tome II. Ces deux livres auraient pu n’en former qu’un, je trouve. Du coup, mon avis se portera sur les deux tomes de manière générale !
Lisa Hernest, psychiatre spécialisée dans les cas complexe est appelée à l’institut Saint-Vincent. Elle va rencontrer sa nouvelle patiente : Judy Desforêt, vingt ans et enceinte de cinq mois, internée pour paranoïa et hallucinations.
Dès leur première entrevue, Judy fait preuve d’une lucidité et d’un discernement hors pair. Et plus Lisa apprend à la connaître, plus leurs échanges viennent ébranler ses propres convictions, Entretien après entretien, Judy lui livre en effet une curieuse histoire, mêlant sa quête des racines familiales en Angleterre et la présence d’un certain Alwyn, cet homme qui la suit comme son ombre depuis toujours.
Progressivement, Lisa, l’experte en âmes fragiles, sent ses moyens lui échapper et Judy la destabiliser. À mesure que les mois passent et que la date de l’accouchement approche, la vérité paraît s’éloigner.
♣ Ma lecture ♣
► Paranoïa, pour sûr. S’il y a une chose qui est réussie dans les deux ouvrage, c’est bien cette incertitude complète, ce doute permanent, cette confusion totale qui émane des troubles mentaux qui qualifient Judy. Le personnage est certes judicieusement croqué mais plus encore, tout l’ouvrage, enfin les deux ouvrages, toute l’intrigue, toute la trame nous tient en pleine interrogation jusqu’à la fin.
Dans Paranoïa je me suis laissée porter par une première version, je me suis mise à croire à l’impossible, bien qu’en me posant mille questions, j’ai suivi des pistes, je me suis laissée conter une histoire et j’ai fait mes déductions. L’alternance des deux narrations – Judy et Lisa – fait que l’on se laisse à la fois porter par les pensées de Judy et par l’enquête psychiatrique de Lisa. Du coup, on suit, crédule, tout ce qui nous est présenté, avant de se sentir bête quand une autre version des faits nous fait douter.
Dans Miroir c’est encore pire. Là, suspicieuse et même un peu vexée dans ma fierté, je suis restée attentive à chaque détail pouvant me permettre de ne pas me laisser tromper. Et j’en suis devenue plus que jamais atteinte d’une paranoïa de lectrice. « Est-ce vraiment ça ? Où Melissa nous emmène-t-elle encore dans cette nouvelle narration, cet autre point de vue ? Quel est le vrai du faux ? Non, je ne veux pas juger cette version comme juste, pas avant d’avoir des preuves concrètes. »

► Une intrigue efficace. Evidemment, avec ce doute permanent et ce besoin de délier le vrai du faux, on reste redoutablement accroché aux pages. Melissa Bellevigne nous donne de quoi jouer les sherlock au compte-goutte et tranche uniquement sur les dernières pages, enfin, tranche-t-elle vraiment ? Toujours est-il que le besoin de réponses nous tient en haleine et ça marche !
► Une jolie plume. En plus de l’intrigue bien menée, la plume est agréable. Très descriptive, très juste, Melissa nous plonge sans difficulté dans son univers, nous laissant percevoir pleinement la personnalité, les émotions, le ressenti de ses personnages et observer avec netteté les paysages décrit à travers leurs yeux.
On se régale aussi de jolis clins d’oeil, de références, de petits bouts d’ailleurs glissés entre les pages. Consciemment ou non, c’est selon. Le premier exemple qui me vient à l’esprit est la transposition d’une chanson de Kyo à un moment, dans un des chapitres de Miroir. Et je pense que ce n’est pas le seul, je ne suis pas assez fan pour avoir tout repéré ! C’est réussi, ça fait sourire quand on reconnaît, et ça se lit très bien quand on ne saisit pas la référence. J’apprécie.
► Quelques maladresses. Tout n’est pas parfait non plus ! J’ai trouvé dommage le fait que certains détails erronés aient pu me sauter aux yeux. Je ne pourrais pas vraiment les citer sans vous spoiler, – d’autant que je ne me suis pas amusée à tout lister – mais certains petits points dans le récit m’ont fait froncer les sourcils ou me gratter la tête, devant leur incohérence. Certains, clairement pour coller à l’intrigue, d’autres par manque de vérification, sans doute, ou encore pas choix stylistique.
Ce sont des détails, rien de bien grave, mais j’ai malheureusement la fâcheuse tendance à m’accrocher aux détails, donc, impossible de ne pas les soulever !
♣ Pour conclure ♣
Une intrigue efficace, des personnages bien croqués, une tonne de sentiments si joliment décrits qu’ils ne peuvent en aucun cas vous assommer (croyez-en l’allergique à la mièvrerie).
Paranoïa et Miroir mélangent judicieusement thriller psychologique et romance contemporaine. Et c’est vraiment histoire de mettre des cases et des qualificatifs sur l’histoire !
C’est tout simplement très chouette et très réussi. On reste accroché du début à la fin, c’est ce genre de roman que vous terminez en une soirée, que vous ne voulez pas reposer.
Je vous conseille vivement de vous plonger dans cette, ces, histoires, quelle que soit la bonne !