J’ai lu Voyageuse, écrit et auto-édité par Iman Eyitayo.
Un très grand merci à Iman Eyitayo pour m’avoir proposé son ouvrage en SP et avoir eu la compréhension et la patience d’attendre longuement ma chronique. Le sort a fait que sa plume s’est trouvée dans les deux derniers ouvrages très en retard de ma PAL SP et j’en suis sincèrement désolée.
Avant toute chose, il est indispensable pour moi, vous connaissez mon obsession, que je vous parle des éventuelles coquilles. Eh bien j’en ai trouvé, mais vu leur nombre archi restreint c’est plutôt « déniché ». Du coup chapeau bas, cet ouvrage aide à contredire mon apriori général sur l’auto-édition mal corrigée/relue. Après tout, Iman Eyitayo n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’elle a déjà publié plusieurs autres ouvrages, notamment aux Editions Plumes Solidaires, et on sent vraiment qu’elle manie la plume avec aisance.
À 18 ans, Kanyin vient de terminer son lycée avec brio et ne tient plus en place à l’idée d’entrer enfin à l’université.
Toutefois, lorsque sa mère lui annonce qu’elle doit passer ses vacances au Bénin, auprès de son père, sa bonne humeur s’évapore. Ce dernier étant constamment accaparé par son métier de chirurgien, la jeune fille s’attend à deux mois d’ennui et de solitude.
Elle ne prévoyait certainement pas retrouver un vieil ami d’enfance dans une situation plus qu’inattendue : dans le coma.
Et elle s’attendait encore moins à ce qu’en le touchant, elle se retrouve projetée dans un endroit des plus étranges…
♣ Ma lecture ♣
► Mélange de cultures. Kanyin est née et a passé une partie de son enfance au Bénin, elle vit depuis plusieurs années à Montréal et est passionnée par l’Asie. Trois culture singulièrement différentes se mélangent dans cet ouvrage et j’ai vraiment adoré cet aspect du livre. Tout ressort naturellement, si bien que je ne sais pas si elle a laissé un peu de côté des allusions à la vie québécoise de Kanyin parce que cela ne présentait pas grand intérêt, ou si je ne les ai que très peu remarquées du fait que cela se rapproche de mes propres habitudes occidentales.
Pour avoir passé quelques mois dans un pays pas si éloigné du Bénin, j’ai adoré voir des références à la vie locale, aux habitudes, à la nourriture, chose qu’Iman apporte très aisément dans des situations de la vie quotidienne de Kanyin ou en la faisant replonger dans ses souvenirs.
La culture asiatique est elle, très présente dans l’histoire et surtout dans l’intrigue, puisque tout le côté fantastique tourne autour de ce milieu.
► Fantastique et mythologie chinoise. Tout est cohérent, tout tient debout. L’autrice parvient dans cet ouvrage à créer un univers plutôt original avec un fonctionnement très efficace. Sans vous spoiler, on parle d’univers parallèle, de forme de magie très complexe, de secrets anciens, tout ça bien caché par quelques rares personnes au courant et qui sont plus ou moins bienveillantes. Quand on voit à quel point tout ça tient la route, j’ai vraiment regretté de ne pas avoir accroché.
Je n’y peux rien, chacun ses goûts, je préfère les petits lutins et les ménirs. Mais pour le lecteur très sensible à cette culture, ce sera à mon sens un vrai bonheur.
► Le personnage principal. Tout le roman est écrit du point de vue de Kanyin, à la première personne. Je le mentionne d’autant plus que l’effet et l’intérêt de cette forme d’écriture sont là. C’est une adolescente/jeune adulte qui en plus de faire face à un univers qu’elle découvre complètement et qui pourrait vous faire questionner votre santé mentale, se confronte à des situations merveilleusement classiques. La relation avec son père qui n’est pas parfaite, ses envies, ses espoirs, ce qu’il se passe dans son coeur et dans son corps. Kanyin est à la fois pleine de maturité, de force et à la fois très fragile, maladroite dans ses choix ou ses actions. Il est tellement aisé de s’identifier à ce personnage, surtout avec l’accès ouvert sur ses pensées et son ressenti.
► Peu de place pour les autres personnages. S’il y a un reproche que je peux faire, c’est le manque de présence des autres personnages. Au final, je dois avouer que j’ai pas retenu les noms de tout le monde et encore moins leur histoire, parce que les personnages secondaires sont très en arrière plan. En dehors de Jun, qui a une assez grande importance, tous les autres semblent presque accessoires et ne m’ont pas vraiment marquée.
► Un bon moment de lecture. En passant outre mes goûts personnels, qui m’ont infligé quelques moments de désintérêts dans le récit notamment dans certaines scènes d’actions, je dois dire que cet ouvrage est très bien mené. On ne s’ennuie pas, il ne semble pas non plus manquer de détails, d’informations nécessaires à l’intrigue. Malgré la complexité de l’univers tout est assez clair et bien expliqué grâce aux recherches que fait Kanyin dans l’histoire. Quant à la fin, je l’ai beaucoup aimée. La plupart des enjeux propres au tome 1 et non à l’intrigue globale de l’univers sont réglés, ce que j’apprécie beaucoup. Laisser tout en plan sous prétexte qu’il y aura un tome 2, c’est aussi mesquin que les titres « putaclic » à mon sens. Non, il y a une vraie fin, une conclusion à ce tome. Pour autant, vous resterez sur votre faim (haha jeu de mot). Parce qu’il y a en a bien un, de cliffhanger, sinon ce ne serait pas drôle !
♣ Pour conclure ♣
Un univers complexe et original et un superbe mélange culturel.
La plume d’Iman Eyitayo nous emporte dans son univers sans aucune difficulté. Malgré la complexité de l’aspect fantastique du roman, on parvient à comprendre, suivre et s’accrocher à l’histoire. Kanyin est un excellent personnage auquel beaucoup d’adolescentes et de jeunes adultes peuvent s’identifier, et pas que les filles d’ailleurs, sans en faire une Mary Sue.
Si un univers fantastique baignant dans la culture chinoise vous intéresse, je vous invite fortement à découvrir la plume d’Iman Eyitayo. Je pense qu’une fois le tome 1 dévoré vous serez impatients de mettre la main sur le tome 2.