♦ Carnets d’expatriée ♦ Kinshasa – RDC

Mon compagnon travaille pour le Comité International de La Croix-Rouge aka CICR. Il est donc amené à effectuer des missions de un, deux, ou trois ans dans les pays où se trouve une délégation CICR. Des pays qui sont et/ou on été en conflit et
qui ne sont pas tous des destinations touristiques. Mais on n’a qu’une vie non ? Alors j’ai décidé de le suivre et de poser mes valises avec lui dans chacun de ces pays.

C’est ainsi que mon premier vol en avion a duré plus de huit heures et m’a déposée sur le sol de Kinshasa en République Démocratique du Congo. Je peux vous dire que le dépaysement a été total.

La République Démocratique du Congo – RDC

La RDC est un pays du centre de l’Afrique. Deuxième plus grand pays du continent, quatrième concernant sa population, il a porté bien des noms tel que le Congo Belge (oui oui celui de Tintin) ou encore le Zaïre, pour s’appeler à présent République Démocratique du Congo. Il ne faut pas le confondre avec son voisin de l’autre côté du fleuve éponyme, qui s’appelle lui Congo-Brazzaville, du nom de sa capitale.

En RDC, on parle Français (venant du Belge et avec les pieds) et une multitude de dialectes (plus de 400 !!) dont quatre reconnus comme langues nationales, le lingala, le swahili, le kikongo et le tshiluba. Vu que tout le monde veut parler la langue de son coin et que la popularité des dialectes change en fonction de qui est haut placé, il vaut mieux être polyglotte ou ça donne vite un joyeux bordel.

Je m’arrête là pour les généralités, je ne suis pas ici pour vous donner cours, qu’il s’agisse d’histoire, de géographie ou de politique !

Place au vécu !

Le décès par sudation

La première chose qui m’a choquée en arrivant a été la chaleur et l’humidité. Je suis arrivée en pleine saison des pluies et en sortant de l’aéroport j’ai eu l’impression de respirer du coton. 80% d’humidité, rien que ça, j’ai cru que je ne m’y ferais jamais. Pourtant, après quelques jours, le corps s’habitue et on n’y pense plus vraiment. Bien sûr, il fait chaud, on sue, vive la clim, mais honnêtement, nous ne l’avons rapidement plus mise que pour dormir et parfois le soir. Parce que la chaleur ne retombe pas, le soleil a beau se coucher à 6h (niveau équatorial oblige, soleil de 6am à 6pm sharp), vous pouvez aller piquer une tête dans la piscine à minuit en pestant qu’il fait trop chaud. Bon, après, dès que vous commencez à vouloir bouger un peu, vous avez le sentiment d’être au hammam, mais peut’être est-ce pour cette raison que les gens ne sont VRAIMENT pas pressés ?

La deuxième chose a été la conduite.
Il faut savoir, déjà, que si quelques installations ont été effectuées surtout du temps du Congo Belge, rien n’est resté en état. Il n’y a donc aucune signalisation qui fonctionne (quand il y en a), les routes en dur se comptent sur les doigts de la main, le reste c’est de la piste, et les Congolais roulent comme des fous.

Tranquilou biloute

Quand je vous dis conduite de fous, je dis bien de fous furieux dangereux débiles. Absolument messieurs dames. Rien qu’à voir l’état de la carrosserie on sait qu’il vaut mieux bien faire attention à sa carcasse parce que ce ne sera pas leur cas pour vous. Ils déboitent quand ils veulent, ne connaissent clairement pas le clignotant, ni les rétro-viseurs, se fichent des policiers qui pourraient tenter de faire la circulation, jouent aux autos tamponneuses dans les intersections, et je ne vous parle pas des saletés de minibus qui s’arrêtent n’importe quand pour prendre des gens sur le bord de la route ou carrément à gauche au niveau de la glissière centrale. Le Klaxon ? C’est pour appeler le client ou dire « attention je passe en force ! »

La nourriture. Je n’ai malheureusement pas testé de vrais plats Congolais, je n’en ai pas eu l’occasion, si ce n’est les bananes plantains frites qui sont juste à tomber. En revanche, comme il n’y avait pas grand chose d’autre à faire en terme de sorties, nous avons fréquenté un bon nombre de fois les restaurants les plus abordables (en terme de goût, pas d’argent, malheur !) de notre zone d’accès de la capitale.

Le Casa Mia

Ce qui est drôle, c’est que comme la plupart des ingrédients doivent être importés, le menu est un peu surprise. Vous pouvez commander trois fois le même burger dans le mois, il n’aura jamais la même sauce, les mêmes légumes, le même pain, ça dépend de l’arrivage ! Les légumes, d’ailleurs, sont absolument hors de prix, et je n’exagère pas, à moins que 12$ le brocolis vous semble un tarif correct…
Petit clin d’oeil tout de même au restaurant Casa Mia, un restaurant italien qui reste mon préféré de Kin, aussi bien pour l’accueil que pour le yummy-isme de ses pizzas, pâtes et son burger. Un burger avec de la pâte à PIZZA, SVP.

La vie en tant qu’expat au Congo est plutôt calme, pour ne pas dire sérieusement chiante. Sorry but not sorry. Pour des raisons de sécurité, nous n’avions accès qu’à une partie de la ville, obligatoirement en voiture (interdiction de marcher en dehors du chemin entre la place de parking et l’entrée de l’établissement visité). Comme je n’avais pas l’envie suicidaire de conduire seule, j’étais bloquée à la maison. Exception faite du Shoprite en face du compound, auquel je pouvais me rendre, de jour, si l’envie me prenait d’aller acheter du Rien, pour Très Cher et d’avoir le sentiment d’être un buffet garni aux yeux de tous les hommes que je pouvais croiser sur le chemin. Joie.
Baladez vous sur 200m seulement à Kinshasa en short et vous saurez ce que c’est que le harcèlement de rue. Et je te siffle, et je te hèle, et je te propose de te déposer en moto au siège agrandi 4 places (oui oui 4 personnes sur une moto c’est normal). Si vous acceptez le ride, soyez certaine de ne pas être à cheval sur la destination !

Heureusement dans le compound, il y avait de quoi survivre quand on n’a le droit de marcher nulle part ailleurs. Une fois dans l’enceinte sécurisée par des militaires armés de jolies petites kalash h24, on s’habitue à en voir partout, c’est affolant comme on s’y fait vite. Donc, une fois dans l’enceinte, heureusement, il y avait un restaurant, une piscine, une salle de gym et un terrain de tennis. Je ne vous surpprends pas en vous disant que rien de tout ça n’était rutilant et fonctionnel, mais, en choisissant mon créneau, j’arrivais à choper le seul tapis de course en état de marche et c’était BIEN. Quant à la piscine, je vous ai déjà venté les mérites d’un bain rafraichissant passé 23h, quand il n’y a personne, surtout pas de gamins, et qu’on voit les étoiles en faisant la planche <3

Un vendeur d’eau ambulant

L’argent n’a pas d’odeur. Que ce soit le mendiant qui tend la main en disant « donne-moi l’argent » (véridique), le vendeur d’eau, d’un tas d’autre chose, ou les gardes/militaires qui assurent la sécurité sur les parking des endroits un peu uppés, se désister d’un peu de sousous rend la vie beaucoup plus facile. Cela peut sembler ignoble, mais franchement, c’est toujours ça de pris pour celui qui récupère, et quand il y a un pépin, il vaut mieux avoir celui qui tient la kalash de son côté.

Les Congolais sont des pros pour essayer de te vendre tout et n’importe quoi, des fleurs, des ceintures, des colliers pour chiens, des mouchoirs, des pains au chocolat (n’en ayant que le nom), des balais, des palettes, de l’art local (calciné la veille pour faire ancien), tout, tout se vend, ou se tente, sur le bord de la route. Quand je dis tout, je parle aussi de toi, petit enfoiré, avec ton chaton et ton chiot tenus à bout de bras sur le bord de la route en plein soleil, toi, je te chope, JE TE CRAME TA TETE. PETITE SALOPERIE.

Non non, ce n’est pas une grève des éboueurs, ceci est tout à fait normal.

D’ailleurs les Congolais n’ont pas plus de respect pour la nature qu’ils n’en ont pour les animaux. Pour la férue d’écologie que je suis, ces quelques mois en RDC ont été particulièrement difficiles. Aucune poubelle dans les rues, puisque la poubelle, c’est la rue. Ralentir sur le pont pour jeter son sac poubelle par la fenêtre ? Normal ! Vouer un culte à l’eau de javel ? Classique ! La clim à fond dans tous les bâtiments pouvant se la permettre ? Absolument ! La RDC n’est pas verte, et n’est pas un paradis touristique, parce que tout est dans un état très bancal et sale. Et de toute façon le pays est beaucoup trop instable pour se permettre de le visiter.

Petite parenthèse politico-socio-représentative. Actuellement, en RDC, le président Kabila est un peu un clandestin. Il aurait dû, selon la constitution, organiser des élections pour son remplacement en décembre 2016. Il est toujours là. Ce cher monsieur n’a pas envie de quitter son siège et ne fait donc rien pour changer la situation, la sienne, et celle du pays. Du coup, la monnaie chute (grimpe du coup, on est passé de 900CDF pour 1$ à 1600CDF pour 1$ en six mois), le coût de la vie devient intenable, les esprits s’échauffent et cela risque bien de péter un jour. Ce qui est très rassurant quand on sait que la population locale a tendance à s’adonner au pillage et à la casse quand ça gronde. Sans compter que, dans le reste du pays, il y a déjà des milices ou des tribus qui se mettent joyeusement sur la tronche de façon récurrente. Les pigmés, par exemple, vont au combat après que la grande sorcière les ait rendus invincibles (les balles ricocheront sur leur corps). Ce n’est pas une blague, et cette tribu réussit à percer les vitres des véhicules avec des flèches empoisonnées, quand même.
Pendant que je me trouvais à Kinshasa, une milice a organisé l’évasion de son chef de la prison centrale, et ce n’est pas moins de 4000 détenus qui se sont fait la malle en même temps. Tout cela en ouvrant portes et murs grâce à des cailloux magiques… Chez nous on appelle ça de l’explosif, mais bon. Voilà voilà.

Mama Bonobo fait la loi chez les grand singes !

La petite anecdote positive pour la fin, notre visite du parc Lola Ya Bonobo. Une réserve visant à regrouper et protéger les Bonobos qui sont malheureusement encore mangés par certains locaux, bien que ce ne soit interdit par la loi. Près des chutes du Lukaya, c’est un endroit magnifique avec pas mal d’espace pour les petits protégés. Nous avons mis presque une heure pour en faire le tour à pieds. Le guide était très sympa et drôle, je n’ai pas retenu la totalité de son discours, ce qui me vient surtout à l’esprit c’est le fait que le dortoir des Bonobo soit surveillé par un chat très protecteur, comme quoi, il n’y a que les humains pour ne pas s’entendre entre eux !

 

Nous avons terminé l’après-midi avec une balade autour du Lac Mavallée, une heure de marche une fois encore (valant une bonne séance de hammam).

Je suis vraiment contente d’avoir pu profiter d’un des rares endroit autorisés (consignes de sécurité CICR toujours) en dehors de Kinshasa. Il y fait chaud, humide, il y a un tas de mosquitos, mais c’est tout de même ultra joli.

 

Je ne regrette vraiment pas d’avoir décidé de rejoindre ma moitié en mission. C’était une grande première et pour la petite ouest Lyonnaise qui n’avait jamais pris l’avion, une sacrée découverte du début à la fin ! C’est une expérience que je suis vraiment heureuse d’avoir vécue, même si je n’ai pas spécialement envie de retenter l’aventure dans ce pays !
La mission s’est terminée fin juillet dernier et à l’heure où j’écris cet article, je suis déjà dans un autre pays ! Mais lequel ? Ceux qui me suivent sur les réseaux le savent peut’être déjà, sinon, vous allez devoir attendre le prochain article Carnet d’expatriée :p
N’hésitez pas si vous avez la moindre question, mon fil twitter, mon facebook et toutes les boites de messagerie correspondantes vous sont ouverts.

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